Archives, Communs, mémoire

Lise Palacios Le Bournot, bannie de Wikipedia

Ce 21 février 2024, jour de l’entrée au Panthéon de Mélinée et Missak Manouchian, les premiers étrangers et communistes résistants pendant la Seconde Guerre mondiale au Panthéon, j’ai écrit un article sur Wikipedia sur Lise Palacios Le Bournot, qui a co-dirigé un maquis dans le Morvan en 1943-44 puis qui contribua après-guerre à la démocratisation de la culture, en participant à l’animation d’un réseau des ciné-clubs national et international.

Et pourtant il est difficile de trouver pour Lise Palacios Le Bournot les « preuves de la notoriété » demandées par Wikipédia France pour justifier la création d’un article dans cette encyclopédie collaborative en ligne : pas « d’ouvrage de référence dans le domaine », à peine « des coupures de presse de niveau national ». Le fait qu’elle ait reçu une décoration nationale (la croix de guerre) était pourtant indiqué comme un critère d’éligibilité, mais cet argument n’a pas été retenu, puisque l’article a été supprimé moins de 12h après sa création avec l’explication suivante :

Autre écueil pour mener des recherches, la disparition de son nom de jeune fille espagnole dans son nom d’épouse, un mode d’effacement bien français : c’est grâce au travail d’Aurore Callewaert, directrice du musée de la Résistance de Saint-Brisson, sur la résistance des femmes que j’ai découvert les origines espagnoles de « Lisette ».
Le projet des sans pagEs œuvre de manière volontariste à augmenter la part des femmes sur Wikipedia, mais la sous-représentation des femmes dans les articles (moins de 20%) correspond sans doute en partie à leur invisibilisation dans l’histoire, donc à la difficulté de sourcer. Tant pour l’histoire des femmes que celle des immigré.es en France, il est indispensable de s’interroger sur la fabrique des archives et évidemment de consacrer du temps et de l’argent à leur collecte, à leur conservation et à leur diffusion. Elles requièrent un peu plus d’énergie et d’inventivité que la gloire des grands hommes…

Ce qu’aurait été l’article Wikipedia sur Lise Palacios Le Bournot

Lise Le Bournot, née Elisa Palacios le 31 janvier 1918 à Alcira (Espagne, communauté valencienne) et morte le 11 décembre 2005 à Perpignan, est une résistante durant la Seconde Guerre mondiale, agente de liaison d’un maquis dans la Nièvre. Après-guerre, elle est étroitement impliquée dans la  Fédération française des ciné-clubs et en particulier des liens avec les fédérations hispaniques. 

Jeunesse

Elisa Palacios est née dans la région de Valence (Espagne) à Alcira (Alzira en valencien) de parents espagnols qui émigrent en France au début des années 1920, Agustin Palacios et Luisa Palacios, Tortosa y Toro. Son père est marchand de quatre saisons dans le secteur des Halles, à Paris, et elle est scolarisée à l’école dans le quartier Saint-Merri sous le prénom de Lise, en butte aux moqueries de ses camarades de classe du fait de ses origines étrangères. Bonne élève, elle pratique aussi le marathon et la natation.

Solidarité avec l’Espagne républicaines

Elle a 18 ans au moment du Front populaire et c’est lors d’une manifestation qu’elle rencontre son futur époux, le communiste Georges Le Bournot. Quand éclate la guerre civile en Espagne, elle s’implique dans l’aide aux réfugiés espagnols à Perpignan dans le Sud de la France, tandis que son frère cadet Agustin s’engage dans les brigades internationales.

Résistance et maquis

Recherché par la police, Georges Le Bournot se cache dans le Morvan : il y travaille comme bûcheron. Lise reste à Paris jusqu’en 1943, où elle confectionne et distribue des tracts clandestins en faveur de la Résistance. Elle est arrêtée puis libérée, faute de preuves et enceinte. Elle rejoint son mari à Bazolles (Nièvre). Avec les militants communistes Raymond Thiel (de nationalité suisse) et Maurice Magis (de nationalité belge), Georges installe un maquis dans la zone et confie la responsabilité militaire à Maurice Magis du fait de son expérience d’officier dans l’armée belge, mais il choisit une direction collective de quatre personnes (Lise et Georges Le Bounot, Raymond Thiel et Maurice Magis) et le maquis prend le nom du bébé que Lise met au monde en mars 1944 : Daniel. Le maquis Daniel a une position singulière car il est affilié aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), mais dirigé par des communistes. « Lisette », telle qu’elle est appelée dans le maquis, est chargée du ravitaillement et du recrutement. A la Libération il lui est attribué le grade d’aspirante et reçoit l’ordre de la croix de guerre.

Après-guerre, le cinéma militant d’art et d’essai

Après la libération, elle gère les salaires des bûcherons français chargés d’abattre des arbres au titre de la réparation de guerre en Forêt Noire. Après ces deux années de travail entre Fribourg et Baden Baden (Allemagne), elle revient à Paris puis s’installe à Perpignan avec sa famille en 1954 

Elle crée le premier ciné-club de Perpignan et s’implique activement dans la fédération française des ciné-clubs (FFCC) et en particulier de la relation avec les pays de culture hispanique. Entre 1954 et 1971, elle contribue régulièrement à la revue de la FFCC Cinéma et représente la FFCC dans des festivals : Cannes, Benalmadena, Gotwaldov et elle apporte son assistance à la création de la fédération cubaine des ciné-clubs. 

Plus tard elle organise à Perpignan, des week-ends cinématographiques qui permettent à des Espagnols de voir des films censurés par la dictature franquiste. Elle crée également avec son mari Georges une salle d’art et d’essai, « le cinématographe », qui ferme lorsqu’ils prennent leur retraite dans les années 1980.

Elle prononce un discours lors l’inauguration de deux stèles commémorant le maquis Daniel près de l’étang de Vaux (Nièvre) le 15 août 1990 :

«  Dans la résistance contre l’occupant nazi, il y avait ceux qui se battaient pour la reconquête d’une patrie, c’est-à-dire d’un certain territoire et ceux qui se battaient pour des valeurs éternelles, et ceci n’importe où il fallait les défendre, là où la liberté était à conquérir. » Et elle rappelle plus loin que « le commandement du maquis Daniel était assuré par un belge, un français, un suisse et une espagnole. Et parmi nos gars, nous avions des espagnols, des italiens, un autrichien, et même un chinois ».

Lise le Bournot meurt le 11 décembre 2005 à Perpignan.

Tous mes remerciements à Daniel Le Bournot et Aurore Callewaert (directrice du musée de la Résistance) qui m’ont fourni des informations et des documents.

Communs

Histoire de communs dans une commune :  « Les chemins d’Ouroux »

Au début, il y a l’envie d’atterrir dans le Morvan, le plus petit massif montagneux de France, une zone granitique enclavée dans la Bourgogne calcaire.

Mille fils m’y relient depuis longtemps déjà, mais j’ai, jusqu’à ces huit dernières années, considéré ce parc naturel régional essentiellement comme un espace de loisirs de citadine fatiguée de l’agitation de la ville : dans ma résidence secondaire, une petite fermette morvandelle, j’aimais être tranquille, loin des voisins (joie de l’habitat dispersé !), en famille ou avec des ami·es (citadin·es…). Balades en forêt, baignades dans les lacs, cueillette de mûres et de sureau pour faire les confitures.

Mon positionnement morvandiau s’est modifié à partir de 2015 : je commence à m’investir timidement dans un café associatif à Montsauche, l’Esquipot (ce qui veut dire « repas partagé » en morvandiau), peu de temps après la naissance d’un jardin partagé en bas de chez moi à Paris et que je m’engageais dans un projet pédagogique de réalisation de podcasts avec des élèves de 5e à l’occasion de la COP21, Du Persil dans les oreilles.

Bref, telle monsieur Jourdain, j’étais déjà de plein pied dans les communs sans avoir jamais entendu parler de la théorie des communs. La théorie est arrivée cinq ans plus tard, par une présentation des travaux d’Elinor Olström par un voisin prof de philo, membre du collectif Action Transition, créé dans la dynamique du jardin partagé : https://action-transition.org/2020/02/08/les-communs-une-presentation-de-manuel-ferrandiz/

En 2021, une nouvelle association est née à Ouroux-en-Morvan, « les chemins d’Ouroux ». Les objectifs définis lors de la déclaration de l’association balisent son périmètre :

  • Rassembler et de fédérer les habitants du village d’Ouroux-en-Morvan en menant une réflexion autour du sujet des chemins et des haies,
  • Prendre en compte la diversité des usages, humains et non-humains (découverte de la faune et la flore) ;
  • Définir leurs rôles passés, actuels et envisager les fonctions à venir (transmission de savoir-faire, partage des connaissances) ;
  • Etudier des modes de gestions et de gouvernances atypiques pour faire des haies et des chemins de véritables ressources.

Une copine y avait adhéré, je l’ai suivie.

Première surprise, une assemblée collégiale de douze personnes au lieu de l’habituel bureau avec président etc. J’avais lu des choses sur le sujet, je trouvais cela tentant, mais c’est la première fois que je rencontrais cette gouvernance « en vrai ».

Deuxième surprise, l’organisation de trois week-ends pour construire l’association : le premier dédié à la ressource (chemins communaux et haies), le second à la communauté qui gère la ressource (les habitant·es d’Ouroux dans leur diversité, et « autochtones », notamment les agris et néo-ruraux à demeure ou en pointillés comme moi). Le troisième, prévu en décembre, portera sur la gouvernance de la ressource.

Je n’ai participé qu’au deuxième week-end, mais on m’a raconté que le premier avait donné lieu à de vifs débats. Il avait été décidé de mieux prendre en compte la participation des agriculteurs, propriétaires des haies et en partie des chemins, qui s’étaient plaints d’être négligés. J’ai aussi appris que l’association avait été créée ad hoc pour demander une subvention car une jeune conseillère municipale de la commune avait identifié un appel à projets de la Fondation de France (https://www.fondationdefrance.org/fr/appels-a-projets/reinventer-nos-communs-pour-amplifier-la-transition-ecologique). Cela a permis de faire les premières actions  (https://www.parcdumorvan.org/le-parc-en-actions/ecomusee-et-patrimoine/lecomusee-du-morvan/les-ateliers-de-lecomusee-le-mois-de-la-plechie/) mais aussi de financer ces trois week-ends exceptionnels d’échanges et d’organisation de l’association avec des intervenant·es extérieur·es (https://socialtransfert.com/index.php/qui-sommes-nous/).

Ce temps de construction de « la communauté qui gère la ressource » a été passionnant : une soirée où plusieurs villageois (une seule femme…) ont raconté un moment collectif qui les avaient particulièrement marqués. Ils ont ainsi tissé un récit qui suggère une filiation entre le maquis Bernard (un chemin de mémoire est en partie financé par la municipalité), l’organisation du Bicentenaire de la Révolution française (Ouroux a été la commune de la Nièvre choisie par la commission), l’entraide lors de l’incendie d’une ferme, l’équipe de handball locale dans les années 70 et cette nouvelle association, les chemins d’Ouroux, qui raviverait les braises de la convivialité presque éteintes dans les années 1990-2020.  L’émotion était palpable dans la salle, où les agriculteurs FNSEA et chasseurs côtoyaient les néo-ruraux parisiens et hollandais écolos pour imaginer ensemble Ouroux en 2030, sur une grande feuille posée au milieu de chaque table :

  • Partager les savoir-faire et les savoirs
  • Convivialité, balade gourmande, veillée, champignons, crapiauds…
  • Ouroux : autonomie alimentaire et énergétique du village
  • Plus de place aux jeunes
  • Préserver les paysages
  • Les voies/voix d’Ouroux (création de radio Ouroux et podcasts)

Le lendemain, l’heure était au bilan du collectif et à la définition de règles pour mieux fonctionner ensemble. Il m’a semblé intéressant que ces règles ne soient pas posées a priori mais procèdent d’une logique d’amélioration à partir de l’expérience d’une première année. Des pistes ont été proposées, autour de ces quatre thèmes identifiés comme les plus importants :

  • Intégrer et sortir de l’asso ?
  • S’écouter ?
  • Réguler les tensions ?
  • Décider ensemble ?

Un moment a été aussi consacré à la structuration d’un projet de haie sur un chemin de la commune, la première étape étant l’inventaire des acteurs qui interviennent : du parc régional du Morvan au propriétaire du champ en passant par la commune, la ligue de la protection des oiseaux, le lycée agricole ou la fédération française de randonnée, avec un rôle soit dans la préservation, soit dans la gestion ou l’exploitation, soit dans l’usage de la ressource.

Un autre projet est porté par les Chemins d’Ouroux : la réouverture en chemin piéton de la voie du Tacot, une ligne de chemin de fer locale désaffectée depuis 1938. Elle nécessite un dialogue continu avec les forestiers et les agriculteurs, propriétaires des parcelles.

Que de temps et d’énergie pour réaliser quelques mètres de haies ou défricher un chemin … Ne serait-il pas plus simple d’utiliser la loi pour contraindre les propriétaires de parcelles agricoles à réaliser des haies durables ? Ou que la collectivité finance la réalisation de ces haies dont l’intérêt écologique n’est plus à démontrer ? La puissance publique ne pourrait-elle justement pas faire preuve de sa puissance en planifiant d’une main de maître cette action écologique ? Cela ne serait-il pas plus efficace ?

L’expérience concrète de s’organiser pour faire des haies ensemble peut paraître un projet dérisoire et fragile, pourtant elle me semble plus vivante que les solutions précédentes, sans pour autant les exclure. De fait, elle rapproche une grande diversité d’acteurs (les services publics y sont présents à différents niveaux comme alliés), elle permet du partage, y compris dans l’expression de désaccords, et encapacite les personnes qui y participent.

Elle bouscule aussi les catégories : la conseillère municipale, une des initiatrices de l’association, a-t-elle agit en tant qu’élue ? En tant que randonneuse et cueilleuse de baies sur la commune où elle habite ? En tant que jeune maman qui veut préserver les paysages ruraux pour ses enfants ? Faut-il choisir une étiquette ?

Je suis convaincue qu’il faut bifurquer mais j’ai le sentiment que plusieurs chemins sont praticables.

Le site internet de l’association : https://www.cheminsdouroux.fr/

Archives, Communs, Numérique

Archives du commun ?

https://fplab.parisnanterre.fr/ateliers/judithRevel-19032021.html

La semaine commence bien, avec la découverte d’un nouveau lieu d’élaboration coopérative d’une pensée critique, le FabPart Lab et l’écoute d’une philosophe passionnante, Judith Revel, qui est a animé en mars dernier un atelier théorique sur le thème « Archives du commun ? Conservation patrimoniale et valorisation participative ».

Une présentation d’abord de ce lieu singulier, le FabPart Lab pour fabrique participative en lien avec le labex de l’université Paris Nanterre Les passés dans le présent. Le FabPArt Lab se donne pour mission d’accompagner les projets du labex dans le développement de leur dimension contributive et participative et d’enrichir la réflexion autour de la médiation et la valorisation numérique des mémoires et des patrimoines., sous la forme d’ateliers pratiques et théoriques. Pour orienter les projets dans leurs dynamiques participatives et dans le cycle de vie de leurs données, le FabPart Lab constitue une base de connaissances sur les différentes phases de la recherche et les outils et services concernés.

Quant à l’intervenante, Judith Revel, elle est enseignante en philosophie à l’Université Paris Nanterre et directrice du laboratoire Sophiapol. Elle propose ici une critique politique de la notion de commun à partir du cadre de la conservation patrimoniale. Pour cette réflexion, elle s’appuie sur les échanges qui ont eu lieu au colloque Archivos del común en 2015, organisé par le musée et centre d’art Reina Sofia de Madrid.

Archives, Communs

The photographers, télescopage des images

De la plongée dans les archives de Juliàn Antonio Ramirez et Adelita del Campo, conservée à la Biblioteca Valenciana (fonds AJARAC) a surgi la figure du photographe Robert Parant, actif à Montluçon à partir de 1945. Il y fait notamment son premier reportage photographique sur les funérailles de Marx Dormoy, assassiné par l’extrême-droite en 1941. Juliàn et Adelita l’ont manifestement rencontré en 1943 à Combronde (Puy-de-Dôme) où il aurait été, d’après l’autobiographie de Juliàn, l’amant de Madame Dumas qui gérait le centre d’accueil des enfants espagnols de la petite municipalité du Massif Central.

Robert Parant a fait une série de photographies d’Adelita dans ses différents costumes de scène, ainsi que quelques photos de Juliàn en M. Loyal et des parents d’Adelita dans leurs personnages de théâtre (Pakini et Ina).

Après un petit tour sur Internet, j’ai glané quelques informations sur ce photographe qui a laissé une belle collection mise en valeur par la médiathèque de Montluçon : https://www.lamontagne.fr/montlucon-03100/loisirs/pourquoi-le-fonds-robert-parant-detenu-par-la-ville-de-montlucon-et-qui-comprend-40-000-photos-est-il-exceptionnel_13736908/. Les clichés les plus anciens ont cependant été perdus suite à une inondation dans le laboratoire du photographe (5 rue de l’Est, Montluçon). Il se pourrait donc bien que les photos colorisées signées « Bob » soient les plus anciennes traces de son activité de photographe.

Dans le même temps et dans la même ville de Valence, je poursuis l’enquête sur MRBT62, un artiste de rue qui dépose depuis 6 ans son autoportrait devenu iconique sur tous types de supports à travers la ville espagnole. J’ai l’idée de faire un article sur lui pour Wikipedia, dans le sillage de celui sur l’art urbain à Valence. Un curieux personnage qui souhaite rester anonyme et qui a commencé à laisser des traces sur les murs de Valence à 62 ans. MRBT pour morabito qui veut dire marabout et 62 évoque l’âge auquel il a commencé selon sa propre expression « sa tardive vocation » d’artiste urbain.

Robert Parant et MRBT62, deux figures jumelles à travers le temps et l’espace ?

The Photographer, Carrer dels Cadirers, Valencia par @MRBT62

Communs

Vivant Ensemble, portraits d’habitants

Il était une fois l’ilôt Saint Eloi, un petit bout du 12e arrondissement entièrement redessiné au bulldozer dans les années 60-70. Des géants de béton sont sortis de terre, comme l’ensemble Erard-Charenton commandité par Paris Habitat. Cette ville en concentré est façonnée depuis plus d’un demi-siècle par les femmes et les hommes qui y vivent ou la parcourent quotidiennement : richesse inestimable que cette diversité humaine, défi majeur que de vivre ensemble !

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« Vivant ensemble » est un projet que j’ai initié et coordonné. Pour l’inauguration du café associatif Maya Angelou, l’idée était de proposer une galerie de portraits d’habitants du quartier. Certains vivent ici depuis plus de quatre-vingts ans et d’autres sont arrivés il y a peu de temps. Chacun a accepté de recevoir Lucille Charon-Le Cabellec – photographe – et Chloé Delaporte – biographe – dans un endroit qu’il appréciait. Chloé les a interrogés et enregistrés. Les entretiens avaient pour sujet principal la vie dans le quartier Erard mais il n’était pas question d’une enquête sociologique. Chloé a écrit un texte fidèle à leurs propos jusque dans les tournures de phrases. La construction et la tonalité des textes épousent l’entretien et la conversation qui s’est spontanément déroulée, sans questionnaire, sans intention a priori. Lucille a réalisé une série de portraits photographiques en argentique, en utilisant la technique de la surimpression. Les photographies ne sont pas retouchées, elles ont été prises telles qu’elles sont exposées. Les textes, en revanche, ont été envoyés pour relecture et correction à chaque personne portraiturée. Un montage sonore de chaque entretien a été réalisé. Le QR code au pied des portraits renvoie aux mots et à la voix de chacune de ces personnes. Nous vous proposons à travers cette exposition une rencontre de votre quartier et des gents qui l’habitent.
Bonne visite jusqu’au 30 novembre !

Catalogue d’exposition

Archives, Communs, Numérique

Journées WIKIMEDIA 2019 Culture et Numérique aux Archives Nationales

Les GLAM (acronyme anglais pour Galeries Libraries Archives Museums), que l’on peut appeler tout simplement les institutions culturelles, sont des lieux privilégiés pour co-construire les communs de la connaissance,en partenariat avec Wikimedia France. L’objet de ces 3 jours est de partager des expériences en la matière : un moment passionnant d’échanges sur le fait d' »agir en commun », sur la médiation, sur les dispositifs que l’on peut mettre oeuvre pour y parvenir.
Tous les documents réalisés pendant ces journées (prises de note collaboratives, captations vidéos, photos…)sont disponibles sur le site de Wikimedia.

Archives, Communs, Edition, Numérique

Archiviste wikipédienne

Mon stage professionnel comme archiviste à la biblioteca valenciana Nicolau Primitiu a été l’occasion de pratiquer pour la première fois l’univers wikipédia comme contributrice.

Enseignante dans le secondaire, je partageais il y a quelques années les réserves de nombre de mes collègues : quelle est la fiabilité des articles de Wikipédia, rédigés par des contributeurs qui ne sont pas forcément spécialistes du domaine traité ?Mais ma pratique de cette encyclopédie libre, la lecture d’articles à ce sujet et plus largement mon intérêt pour les pratiques collaboratives, l’évaluation par les pairs et le libre accès ont eu raison de ma méfiance.

Je débute dans la rédaction d’articles et je constate combien le travail demandé est exigeant. Le guidage est fort, avec des tutoriels en ligne, des liens sur tous les éléments pour comprendre quelles sont les règles de rédaction et de présentation à respecter.

Malgré le temps passé et une bonne connaissance des deux exilés républicains sur lesquels j’ai fait mes premiers articles, due à la fréquentation assidue de leurs archives personnelles, mon travail est encore très largement perfectible et je découvre au fur et à mesure l’univers wikipédien, où la liberté rime avec gouvernance et respect des règles construites et modifiables par la communauté.

adelita

Mes contributions en français :

  • Création de l’article sur Adela Carreras Taurà
  • Création de l’article sur Juliàn Antonio Ramirez
  • Création de l’article sur Rosalía Sender Bergué
  • Création de l’article sur l’art urbain à Valence
  • Création d’un article sur MRBT 62
  • Création d’un article sur Marc Leboucher
  • Traduction de l’article sur Marina Garcés de l’espagnol au français
  • Enrichissement de l’article Bibliothèque valencienne
  • Enrichissement de l’article Amado Granell
  • Enrichissement de l’article Trianon (Romainville)
  • Enrichissement sur l’article Ilot Saint-Eloi (Paris)

Mes contributions en espagnol :

La question des sources sur Wikipedia

Communs

En chemin vers un café associatif et culturel

Le travail accompli ensemble dans le jardin partagé la Baleine Verte nous a donné envie d’aller plus loin et de créer avec les habitants du quartier et des associations partenaires un café associatif et culturel. Un projet déposé au budget participatif de la Mairie de Paris et le soutien de Paris Habitat nous permettent de financer ce projet de lieu partagé.

Cette nouvelle aventure rassemble d’abord Autour de la Baleine, le Claje (centres d’animation) et Bitume Plume et Musique. Ces trois associations pilotent le projet de jardin partagé et ont coordonné des réunions de concertation avec d’autres associations (Périscope, Les Petits Cons, Pop Drama, 12 Sourires, Transitions 12…) pour discuter des événements qui seront organisés dans ce café associatif, de l’aménagement que cela implique et des valeurs qui sous-tendent le projet. L’assistance à maîtrise d’oeuvre a été confiée par Paris Habitat à Ya+K avec qui nous avions travaillé sur les aménagements du jardin partagé.

Nous souhaitons ouvrir un espace créatif, convivial et source de plaisir, qui accueille la diversité d’idées et de personnes,  un environnement solidaire qui appelle au partage et au respect, engagé et engageant dans une démarche durable et coopérative.

Le café associatif, dont le nom est actuellement en discussion, ouvrira ses portes au cours du dernier trimestre 2019. Une exposition inaugurale qui intitulera « Vivant ensemble » est en cours de préparation, dont je coordonne la mise en oeuvre.

Vivant Ensemble Présentation

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Communs

La Baleine Verte, un jardin partagé

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Hiver 2012 : je propose à l’AG de l’association de quartier Autour de la Baleine dont je suis adhérente de créer un jardin partagé au 10, rue Erard (Groupe Paris-Habitat Charenton-Erard) sur un terrain gazonné et clos de grilles entretenu par la régie des Espaces verts de Paris-Habitat, mais inaccessible pour les habitants. Echanges des voisins, réunions de concertation , visites des autres jardins partagés pour échanger sur la gouvernance de ces nouveaux communs au cœur des villes vont me permettre d’aborder un sujet passionnant la végétalisation en milieu urbain et la place des habitants dans l’aménagement des espaces communs/publics.

2 JD 14-05-20142013-juillet 2014 : en tant que trésorière de l’association, je coordonne le projet du jardin partagé « La Baleine Verte », plusieurs réunions de concertation sont organisées avec la mairie du 12e arrondissement et le pôle Démocratie locale et Espaces verts de l’antenne Est de Paris Habitat. Début juillet 2014, la convention est signée entre l’association Autour de la Baleine et Paris Habitat pour la mise en oeuvre d’un jardin partagé. Premiers aménagements du jardin d’après les plans de Thibault de Metz (architecte-paysagiste, Arpentère).

Inauguration officielle de la Baleine Verte en septembre 2014.

Janvier 2016 : lancement d’un concours en direction des élèves paysagistes de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles pour dessiner le jardin en utilisant des matériaux de récupération produits par le chantier de rénovation du groupe Charenton-Erard (Plan Climat). Douze candidats, seul ou en binôme, répondent à l’appel à projet : Toumi et Mélissandre remportent le concours.

Printemps-été 2016 : chantier participatif pour réaliser les travaux prévus par le projet. Nous sommes accompagnés `par l’association Ya+K.

Depuis 2015 : organisation en partenariat avec différentes associations de quartier et d’autres jardins partagés d’événements dans les jardins et dans le 12e arrondissement, comme leGarden Tour 1 et 2 (randonnée urbaine à la découverte des jardins partagés)

Les projets se multiplient, avec de nouveaux chantiers et de nouveaux partenaires (Feu Vert, Plume Bitume et Musique…). A sa modeste échelle, le jardin partagé la Baleine Verte est un lieu d’expérimentation de la démocratie participative.

Retour en photos sur les trois premières années d’activité.